Après la sortie de l’album ‘Ghost of a blood tie‘ en avril dernier, J’ai pu rencontrer Matthieu Morand Guitariste et chanteur du groupe ELVARON pour une interview pour mieux découvrir ou redécouvrir le groupe et ce nouvel opus .
Bonjour Matthieu Morand, pourrais-tu me présenter ton groupe :
On a créé Elvaron en 1993, au lycée avec le bassiste actuel Julien Skorka. Nous avons fait quelques concerts sur notre lieu d’origine de formation à Auxerre en Bourgogne. En 1997 nous avons sorti notre premier album « Mages Battle » qui a eu un très bon accueil dans les médias spécialisés et qui nous a permis de signer notre premier contrat avec un label qui nous a soutenus jusqu’en 2007. Nous avons sorti 4 albums sur ce label puis nous nous sommes séparés en 2008 pour des raisons assez variées. Pour ma part j’en avais assez de pas mal de choses, le groupe avait évolué notamment par des changements de line-up et puis nous étions dans une dynamique qui ne me convenait plus. Donc j’ai mis le groupe en suspend pendant quelques années. Et puis il y a quelques temps avec Julien on s’est dit qu’on avait envie de retravailler ensemble sur un nouvel album d’ELVARON et voila. J’ai rencontré le claviériste Shuguang Li qui joue sur l’album et avec qui j’avais envie de travailler depuis un certain temps. On a écrit ce disque en 18 mois environ ; enregistrement inclus, et nous avons sorti l’album en avril 2016.
Peux-tu m’en dire plus sur le dernier album :
C’est un album qui regroupe un petit peu toutes nos périodes. Au départ on évoluait dans un style plutôt Heavy Thrash ; nos influences principales étaient le thrash américain des années 90 comme Overkill ou Testament. Ensuite il y a eu pas mal d’influences issues du progressif, principalement un groupe canadien qui s’appelle Rush. Egalement beaucoup de musique classique aussi avec l’arrivée de notre claviériste qui est professeur de piano.
Donc ce nouvel album est une sorte de synthèse de nos 4 premiers disques avec nos influences thrash américain, prog et musique classique. Par contre on a abordé l’écriture des arrangements de manière différente cette fois, puisque nous avons pris le temps avec Shuguang de nous approprier le piano et d’arriver à le mélanger avec du metal. C’est en fait assez rare ; en effet, beaucoup de groupes écrivent avec le synthé pour créer des nappes, des solos ou des thèmes mais rarement comme un véritable instrument à part entière. C’est un peu technique ce que je cherche à exprimer mais c’est cela, on a vraiment travaillé sur l’instrument « piano » pour l’intégré au mieux à notre musique. Nous avons aussi travaillé avec une auteure française qui s’appelle Mélanie Fazi qui écrit des romans fantasy et qui nous a accompagnés tout au long du processus d’écriture. Elle a écrit les textes directement en anglais en se basant sur la musique. C’est nouveau pour moi de faire appel a un auteur extérieur, car pour les 4 premiers albums j’avais écris moi-même les textes. On reste sur une base conceptuelle, car l’album raconte une histoire du début à la fin. Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’histoire, mais c’est une thématique sombre qui relève de la fantasy avec un côté fantasmagorique.
Comment s’est passé l’enregistrement :
On a déjà travaillé sur une base de pré-production, c’est-à-dire qu’on a enregistré des démos. On s’est basés sur ces démos comme d’une ossature avec les guitares, la batterie, la basse et puis on est parti de ce squelette pour écrire les arrangements. Ensuite nous sommes passés par notre processus habituel, c’est-à-dire qu’on a commencé par enregistrer la batterie pour ensuite enregistrer la guitare et la basse, les claviers et on a terminé par le chant. Pour le chant on s’est enfermés pendant une semaine avec Shuguang, Julien et moi à la campagne pour enregistrer en se focalisant sur les mélodies, sur les arrangements et sur les doublages. C’était assez nouveau comme façon de procéder.
Comment est venue l’idée du fantastique pour le groupe et pour les albums :
Nous avons pas mal évolués au niveau de notre univers puisque les 3 premiers albums sont dans un univers médiéval fantastique comme Le Seigneur Des Anneaux, ce genre de trucs. C’est vrai qu’on était passionnés par les jeux de rôles quand on était plus jeunes, et naturellement on a transposé cette passion pour les jeux de rôles dans notre musique. Nos trois premiers albums se suivent au niveau de l’histoire, comme une trilogie d’heroic-fantasy. Après nous somme arrivés à un moment où c’est devenu à la mode ; je te parle de ça, c’était entre 1993 et 2005, bien avant le seigneur des anneaux, bien avant Bilbo le Hobbit et les adaptations cinématographiques. Tout ce qui était médiéval fantastique n’avait pas autant d’importance qu’après Peter Jackson ! Donc on s’est dit que c’était le moment de changer de thématique. Pour le 4ème album, on est allé vers quelque chose d’autre, un contexte plus futuriste sur une organisation gouvernementale qui stoppe la gravitation de la terre et qui contrôle la vie des être humains. Sans cette gravitation, le système contrôle les naissances, régule la population vieillissante… C’était un concept assez intéressant qu’on avait travaillé avec une jeune auteure française qui se fait appeler Asphodel. Une fois qu’on s’est laissé transportés dans ce monde futuriste et fantastique on a eu envie de continuer dans cette thématique sur le nouvel album. J’ai eu la chance de rencontrer Mélanie Fazi en lui exposant le projet. Je lui ai fait écouter la musique et puis elle nous a proposé une idée de scénario qu’elle n’avait jamais développé dans ses propres récits. De nouveau, nous sommes allés dans un univers fantastique mais avec une vision différente, davantage poétique.
Le groupe a-t-il des projets à venir ?
Oui, on en parlait justement cet après-midi. On va commencer, je pense après l’été 2016, à se pencher sur un nouvel album pour une sortie d’ici à deux ans peut-être. Autrement on a quelques trucs sur le feu ; des radios en direct où on va jouer quelques morceaux. Ça sera une expérience nouvelle pour moi car je n’ai jamais fait de direct à la radio en jouant un morceau. Toujours un peu compliqué de faire ce genre de truc j’imagine…
Le nom du groupe as t’il une signification particulière :
Oui au départ c’est le nom d’un personnage d’un roman d’heroic-fantasy, c’est le nom d’un elfe qui s’appelle : Elvaron.
Quel retour a le groupe par rapport aux medias et au public :
On était un petit peu dans l’expectative car ça faisait pratiquement 10 ans qu’on était sortis du circuit. On se posait la question de savoir comment les gens qui nous avait suivis les 15 premières années allaient percevoir notre retour et nous sommes agréablement surpris ! Les médias ne nous ont pas oubliés non plus ; en tout cas les médias avec qui nous avions l’habitude de travailler et d’avoir des relations artistiques, des chroniques et des interviews. Les médias qu’on ne connaissait pas se sont également penchés sur notre album. Concernant les fans qui nous suivaient, c’est pareil, il y a beaucoup de retours excellents. On a écoulé beaucoup plus d’albums que prévu, ce qui prouve que les gens ne nous on pas oubliés et ont continué à nous suivre, c’est vraiment sympa.
Pour les compositions, qui s’en occupe :
C’est essentiellement moi qui écris la musique. Après, le travail d’arrangements est soit individuel soit collectif. Je pars d’une ossature de guitare avec une structure bien définie et ensuite Julien va développer ses propres lignes de basse. Fred de son coté va composer ses batteries à partir de ce travail de Julien (ou pas forcement) ; on essaye de faire quelque chose de cohérent. Et puis Shuguang et moi on travaille sur les arrangements, principalement les arrangements au clavier mais aussi d’autres instruments qui interviennent : clarinette, accordéon par exemple. Il y a aussi l’intervention de Laura Kimpe qui est une chanteuse lyrique. Enfin, pour tout ce qui est du fignolage définitif au niveau des les lignes de chants, des mélodiques et des doublages de voix, on travaille tous ensemble.
Comment ça se passe sur scène avec le groupe et la musique :
Pour l’instant on a décidé de ne pas faire de scène. C’était une des raisons pour laquelle j’avais mis un terme à ELVARON en 2008, parce que restituer sur scène la musique tout en assurant le chant, c’était devenu trop complexe. Aujourd’hui on a envie de se mettre rapidement sur l’écriture d’un nouvel album qui serait d’avantage axé sur la scène. L’idée de départ était de faire un album pour se retrouver, pour le plaisir de rejouer et d’écrire ensemble et de voir si ça pouvait coller sans forcément penser à la scène dans un premier temps. Mais maintenant on a envie de remonter sur scène mais il faut qu’on ait des titres plus adaptés aux concerts.
Nous arrivons à la dernière question de l’interview, quel est ton dernier mot ou message pour nos lecteurs, et vos fans :
Comme je le disais tout à l’heure je remercie vraiment les gens qui nous suivent depuis le début, certains nous suivent depuis pratiquement 25 ans et voila c’est assez inattendu. Surtout que c’était une aventure qu’on a commencée quand on était ados avec Julien. Je trouve ça assez génial qu’on puisse, 25 ans plus tard, continuer à faire vivre ELVARON, avec tout ce qu’on a pu construire à côté, au niveau de notre vie de famille, au niveau de notre évolution professionnelle. On a réussi à évoluer musicalement pendant toutes ces années avec, en prime, des gens qui nous suivent, qui écoutent notre musique, qui apprécient ce qu’on fait et qui nous encouragent à poursuivre dans cette voie. On a la chance d’avoir aussi des partenaires dans les médias et dans la distribution, qui nous permettent que notre musique soit diffusée auprès d’un plus grand nombre de personnes et ça, c’est assez chouette. Ce n’est pas notre métier, on ne gagne pas notre vie avec Elvaron. Mais comme je dis souvent pour certains, la passion c’est la pêche, le vtt, les voitures… nous notre passion c’est la musique, on continuera tant qu’on pourra !
DTM : on a qu’une vie
Matthieu M : exactement.
DTM : Merci à toi
Matthieu M : Merci beaucoup.